En attendant Godot, la première pièce de Beckett, la plus connue, la plus lue, la plus jouée. Mettre en scène cette pièce, c’est se confronter à une multitude de Godot passés ou possibles, c’est prendre en compte une certaine mémoire, consciente et inconsciente. Une mémoire faite d’images devenues clichés : deux vagabonds en chapeau melon, un arbre étrange, un homme qui mène au bout d’une corde son esclave aux cheveux blancs. Mais cette mémoire, c’est aussi celle de la multiplicité des interprétations possibles : une pièce métaphysique jouée par des clowns, une variation sur l’amitié, une fable sur la place de l’homme face à un Dieu hypothétique… C’est encore la mémoire de mises en scène marquantes et des mises en scène de Beckett lui-même. La trace de ce travail, nous nous en sommes servis, n’hésitant pas à consulter ses notes de mise en scène, publiées en anglais.
Pour guider notre travail, une autre mémoire encore : celle de Fin de Partie que nous avons monté en 2006 avec la même équipe artistique. Avec Godot nous voulions creuser plus avant dans ce que l’épreuve du plateau nous avait déjà révélé : le paradoxe d’une écriture aussi exigeante qu’une partition musicale, une écriture rigoureuse et économe qu’il faut aborder avec patience et minutie, mais qui, en retour, ouvre sur un incroyable espace de jeu et révèle une humanité complexe et protéiforme. Mais alors que Fin de Partie est une pièce à l’écriture mathématique, condensée et, pour ainsi dire, abstraite, En attendant Godot nous est apparue, même si nous y retrouvions la même précision dans la grammaire du mot et du geste, comme une matière plus composite, plus extravagante. Revenir à Beckett, c’était donc faire nous-mêmes l’expérience de principes caractéristiques de son écriture : reprise et variation, différence et répétition.
Par ce travail de mémoire, qui nous échappait en partie, nous nous sommes retrouvés dans une position proche de celle des personnages de Godot, ces personnages en proie au temps qui passe, qui doutent de leurs propres souvenirs, qui cherchent à se rappeler ou à oublier. Comme eux, nous nous sommes demandés quel était notre présent. Confrontés au classique En attendant Godot, nous nous sommes interrogés sur le présent et l’actualité de la pièce de Beckett. Nous n’avons pas voulu imposer de signification définitive mais déplier pas à pas le sens, en tentant de donner à voir et à entendre sa vertigineuse polysémie originelle. Avons-nous trouvé une réponse ? Vladimir. - Ce n’est pas sûr. / Estragon. - Non, rien n’est sûr.
Bernard Levy / Jean-Luc Vincent
Texte Samuel Beckett
Mise en scène Bernard Levy
Chorégraphie Jean-Claude Gallotta
Assistant à la mise en scène Jean-Luc Vincent
Décors Giulio Lichtner
Lumières Christian Pinaud
Costumes Elsa Pavanel
Assistante aux costumes Séverine Thiebault
Son Marco Bretonnière
Maquillage – coiffure Bérangère Prost
Avec Gilles Arbona / Thierry Bosc / Garlan Le Martelot / Georges Ser / Patrick Zimmermann
Production déléguée MC2 Grenoble
Coproduction MC2 Grenoble / Cie Lire aux Éclats / Le Parvis-Scène nationale de Tarbes
Coréalisation Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Du 5 au 28 mars 2009
Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris
Du 31 mars au 3 avril 2009
Théâtre de la Renaissance à Oullins
Le 8 avril 2009
Rayon Vert à Saint-Valéry en Caux
Le 16 avril 2009
Moulin du Roc – Scène nationale de Niort
Les 20 et 21 avril 2009
Fanal à Saint-Nazaire
Les 13 et 14 mai 2009
La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc
Le 19 mai 2009
Le Parvis - Scène nationale de Tarbes
Du 27 au 30 mai 2009
La Comédie de Reims
Les 3 et 4 juin 2009
Théâtre du Petit Quevilly
Du 9 au 13 juin 2009
MC2 de Grenoble
Les 10 et 12 janvier 2013
Théâtre Sénart, SN
Du 18 au 27 janvier 2013
Théâtre de l'Athénée Louis Jouvet
Le 31 janvier 2013
Le Salmanazar à Epernay
Les 14 et 15 mars 2013
Scène Nationale de Narbonne
Les 19 et 20 mars 2013
Scène Nationale d'Albi
Le 11 avril 2013
Scène Nationale de Bar le Duc
Le 19 avril 2013
Théâtre Jean Vilar de Suresnes